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Selon certaines études, la pratique du ping-pong permettrait de se protéger contre les troubles de la mémoire. A Levallois, dans les Hauts-de-Seine, des personnes âgées ont des séances spécifiques.

Large sourire et perles de sueur sur le front, Michelle salue son adversaire avant d’enchaîner immédiatement une nouvelle partie, pour « ne pas refroidir ». Difficile de croire que la demoiselle vient de fêter ses… 85 printemps. Regard vif et rieur, l’élégante dame en paraît facilement dix ou quinze de moins. « C’est l’un des bienfaits du tennis de table », affirme la fringante doyenne du club de Levallois (Hauts-de-Seine).

Elle ne pense pas si bien dire. Selon des études médicales, menées notamment en Angleterre et au Japon, le tennis de table serait l’un des sports les mieux adaptés et les plus recommandés aux personnes âgées. « Cela fait un bien fou de jouer, confirme Jacques, 68 ans. Je suis venu par hasard, en suivant un voisin, et c’est devenu une drogue. C’est sportif, car on bouge beaucoup, convivial et il faut être concentré en permanence. On se sent physiquement et intellectuellement mieux. » Deux fois par semaine, pendant deux heures, ils sont ainsi une cinquantaine — âgés de 55 à 89 ans — à se donner rendez-vous dans cette salle du club de Levallois pour suer, s’amuser et retrouver une seconde jeunesse.

Réduire ou se protéger de la maladie d’Alzheimer

Renato Walkowiak, entraîneur et manageur de Levallois./LP/Iconsport/Mahaut d’Ornellas

« C’est comme la marche, chacun joue à son rythme, selon son âge, son niveau et ses capacités physiques, affirme Renato Walkowiak, entraîneur et manageur de Levallois, plus gros club de France avec 515 licenciés. On peut même jouer dans un fauteuil. L’autre avantage est que tu es à l’intérieur, dans une salle, donc au chaud et pas sous la pluie. » Une donnée non négligeable à l’approche de l’hiver.

Mais, surtout, le « ping » (surnom du tennis de table) permettrait de réduire ou de se protéger de la maladie d’Alzheimer. Une pathologie qui touche environ 900 000 personnes en France et se manifeste par des troubles cognitifs et de la mémoire. Selon des études, dont celle du docteur Daniel Amen (neuropsychiatre américain, spécialiste des troubles du cerveau), le tennis de table permet de stimuler et d’entretenir le système cognitif. Une autre étude, au Japon, a montré les évolutions sur le cerveau avant et après une séance de ping-pong, imagerie mentale à l’appui. Il stimulerait en effet cinq zones spécifiques, dont l’hippocampe qui rétrécit avec la maladie d’Alzheimer.

« Ce sport demande une concentration permanente, il améliore la perception de l’espace visuel et renforce la coordination motrice entre les yeux et les mains », se félicite Renato Walkowiak. Après avoir lancé, cet été, une campagne de financement participatif pour acheter du matériel adapté, le club va proposer des séances spécifiques dans les prochaines semaines avec des patients atteints de cette maladie. Une première en France où la prise en charge de cette pathologie connaît du retard par rapport à ses voisins.

« Je ne suis pas insensible à ce sujet, j’ai une grand-mère qui a souffert d’Alzheimer », confie Renato Walkowiak, à l’initiative de cette démarche à Levallois. Les patients atteints suivront des cycles de douze séances avec des exercices de concentration et de précision. Levallois souhaite éditer un outil pour les autres clubs qui veulent également s’investir. « Je suis convaincu que ça va aider », pense celui qui devrait aussi proposer des séances pour les malades de cancer au printemps. « Le ping n’est pas un sport violent et il permet de garder un lien social, il y a une émulation de groupe. Tout le monde peut faire des exercices faciles chez lui avec une raquette et une balle. Pratiquer une activité physique permet d’oxygéner le cerveau et également de lutter contre la dépression. C’est quand même plus agréable que de suivre une thérapie chimique avec des effets secondaires. »

« UN EXCELLENT MOYEN DE FAIRE TRAVAILLER LE CERVEAU »

Même si aucune étude spécifique n’a été menée en France sur le lien entre la pratique du tennis de table et les malades d’Alzheimer, Jacques Hugon, professeur au centre de neurologie cognitive de l’hôpital Lariboisière (Paris Xe), confirme les bienfaits de ce sport sur les personnes âgées. « On a remarqué, chez les pratiquants, une amélioration significative des capacités de vision motrice, du temps de réaction entre un stimulus visuel et la réponse. Les fonctions exécutives sont nettement améliorées. Le lobe frontal coordonne la vision, qui passe dans les zones occipitales puis frontales, et la motricité. C’est donc un excellent moyen de faire travailler le cerveau en lui proposant une association de tâches. »

Plus généralement, le spécialiste recommande la pratique d’une activité physique quel que soit l’âge. « Le sport, pratiqué de façon régulière, améliore les circulations cardiaques, cérébrales et cognitives. »

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Sources : http://www.leparisien.fr et France3

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