0 0 votes
Évaluation de l'article
Après avoir frôlé la mort, Damien Llorca (Metz TT) veut apprécier son retour à la vie avant de reprendre la route du tennis de table.

 
En juin, Damien Llorca a été plongé dans le coma. Six mois plus tard, il a déjà rejoué avec l’équipe du Metz TT. 

Je n’ai pas trop d’objectif cette année », annonce rapidement Damien Llorca, arrivé au Metz TT il y a un an et demi.

« C’est un peu compliqué avec ce qu’il m’est arrivé. C’est une saison de reprise. Je veux d’abord m’entraîner, revenir bien physiquement. Bien sûr, j’ai envie de gagner un match en Pro B. Mais mon but, c’est de me sentir bien, d’avoir la santé. »

Petit retour en arrière : mi-juin 2018, juste avant le bac. La saison sportive vient de se terminer. Damien Llorca prend un verre avec des amis dans un bar à Paris et… c’est le trou noir.

« Je ne me rappelle de rien », lâche le jeune homme de dix-huit ans (dix-neuf en janvier). « Je me suis retrouvé dans le coma. Enfin, ils m’ont mis dans un coma artificiel. Pendant trois ou quatre jours. Je n’ai pas compris ce qu’il m’était arrivé et même les médecins, après avoir fait des recherches, n’ont pas trouvé. C’est un peu flippant. Dans mon malheur, j’ai quand même eu un peu de chance. À deux minutes près, j’étais mort. »

Damien Llorca a eu un pneumothorax.

« Ce sont les poumons qui se décollent », poursuit l’ancien joueur de l’ACBB. « Moi, mes deux poumons se sont décollés. Ça a commencé par une crise d’asthme aiguë mais les médecins ne savent pas si c’est lié. Ensuite, apparemment, je suis tombé. Mais là, je ne sais que ce que l’on m’a raconté. »

Classement de Damien Llorca 

« Certains médecins me disent que cela peut revenir, qu’il y a une chance sur deux, d’autres parlent d’une sur trois, sur quatre », reprend celui qui a passé trois ans au Pôle France de Nantes en cadets. « C’est compliqué. J’essaie de ne pas trop y penser. Ça va de mieux en mieux. Au début, c’était dur quand même, tout va tellement vite. »

« Aujourd’hui, je vois la vie différemment »

Après son pneumothorax, Damien Llorca, dont la famille était plutôt tournée vers le rugby, est resté deux semaines à l’hôpital : une en réanimation et l’autre en pneumologie. Ensuite, le programme consistait en du repos, uniquement du repos. Total, sans sport. Pendant trois mois. Avant une reprise progressive à base de course. « J’ai fait ma rééducation à l’INSEP », se rappelle le pongiste originaire d’Avignon, qui a fréquenté l’institut parisien pendant deux ans.

« Au début, c’était difficile. Forcément. J’ai recommencé à courir quatre mois après ce qu’il m’est arrivé. Pendant un mois, j’ai fait de la réathlétisation à l’INSEP puis j’ai repris progressivement la raquette. Cela fait un mois et demi – deux mois et depuis quatre semaines, j’ai à nouveau deux entraînements par jour. Je ne pensais pas revenir aussi vite, même si physiquement je ne suis pas encore à 100 %. Par contre au niveau pongistique, je suis plutôt pas mal. »

Redevenu un pongiste à plein-temps, Damien Llorca a aussi renoué avec la compétition, en N1 (fin novembre et il a gagné deux matches lors de la dernière journée) et même en Pro B (à Caen le 18 décembre).

« Mon objectif était de faire du tennis de table mon métier, de réussir à en vivre », conclut le jeune homme revenu de ses vacances passées dans sa région natale. « Si je suis venu à Metz, c’est que je pense pouvoir y arriver. Maintenant, il va me falloir du temps, surtout avec ce qu’il m’est arrivé. Je n’ai pas joué pendant quatre ou cinq mois, je verrai dans un ou deux ans si cela a eu une implication. On verra bien. Mais aujourd’hui, je vois la vie différemment. »

Vidéo Damien Llorca

« Il faudra être très vigilant »

Nathanaël Molin entraîne Damien Llorca depuis son arrivé à Metz à l’intersaison 2017/18. Il parle de son joueur.

LE PNEUMOTHORAX

« On va bien au-delà du tennis de table. On parle vraiment de la santé, d’un pronostic vital engagé. C’était une épreuve pour lui, un peu pour nous aussi car on est attaché à nos joueurs. Maintenant tout cela est terminé. Il est à peu près tiré d’affaire. Mais s’il y a eu une telle alerte, il peut refaire ce genre de chose. Il faudra être vigilant. »

LA REPRISE

« Physiquement il a quand même perdu. Notamment pour tout ce qui est cardio. Cela va prendre un petit peu de temps parce qu’il a perdu en capacité pulmonaire. Il s’essouffle assez vite. Cela va de mieux en mieux. On en est à deux mois, deux mois et demi d’entraînement. Je pense qu’il sera opérationnel à 100 % dans le même laps de temps environ. »

L’ENTRAÎNEMENT

« La réathlétisation du corps, Damien l’a effectuée à l’INSEP. Nous, on s’est occupé de celle au tennis de table. On a commencé par des petites séances, dont la durée augmentait petit à petit. Pendant trois semaines – un mois, c’était une séance par jour puis on a essayé de faire deux séances par jour mais la deuxième n’était pas complète. Avant de partir en vacances, juste avant Noël, il effectuait toutes les séances. Mais cela lui arrivait d’arrêter quand il n’en pouvait plus. Je lui ai demandé d’être plus à l’écoute de son corps. »

L’EXPÉRIENCE

 « Pour Damien, cela a été une drôle d’expérience de la vie. Au début, je trouve qu’il l’avait assez bien prise. Son premier mois d’entraînement a été vraiment bien. Après, la reprise de la compétition l’a un petit peu fait replonger dans ses travers entre le stress et la gestion des résultats sportifs. C’est sur un travail plus mental que je voudrais qu’il s’endurcisse et se serve de cette épreuve pour progresser. Prendre plus de recul, de la maturité. Cette expérience doit l’y aider. »

Source : 
M. T.
https://www.republicain-lorrain.fr 

0 0 votes
Évaluation de l'article